33 & 36 Rue de Seine, 75006, Paris, France
Open: Mon-Sat 10.30am-7.30pm
Fri 7 Mar 2025 to Sat 26 Apr 2025
33 & 36 Rue de Seine, 75006 Marion Mailaender: Mi casa es tu casa
Mon-Sat 10.30am-7.30pm
Artist: Marion Mailaender
Come in, come in. Welcome to Marion Mailaender’s home. Or, more precisely, welcome among her furniture, which she made in between commissions for a hotel or an apartment. An interior designer based in Marseille, the former student of the École Boulle has developed, alongside her design projects, a practice as a designer, which led her to present her work at Villa Noailles last summer – there, she showed an apartment décor made entirely of experimental objects. These are the same objects you’ll find here, alongside a selection of works by artists from Galerie GP & N Vallois.
You’ll soon notice: the designer enjoys engaging in dialogue with Art history – some of its great names are even her neighbors. This is reflected in the fantastical doorbell of her building, which indicates that among her neighbors are Carl Andre, Andrée Putman, Agnès b... but also Valérie Lemercier, Francis Cabrel, and Beyoncé. Ring the bell, and you’ll find that someone answers. With songs, movie excerpts, and sound recordings.
This doorbell sets the tone for Marion Mailaender’s relationship with domestic space – playful, humorous, ironic, full of references, both scholarly and popular. Look at the entrance: a rug imitates a real estate ad, using the classic linguistic quirks of real estate agents and suggesting a typically southern French apartment. You begin to dream, and then, already, the designer projects you into the works that you could do to make it feel like home, with her Architectures to Take Away lamps, which borrow their materials from the aesthetic of an ongoing construction site. The object thus forever retains an unfinished (infinite) aspect, as if there were still something left to do, as if the house remained in perpetual motion.
Life is not absent from these objects, far from it.
The screen testifies to this, with its mirrors reflecting the surroundings and its resin embedded with fragments of life, jewelry, photographs, and a pair of sunglasses. Marion made it with her husband, Thomas Mailaender. She knows it well, from designing ultra-photogenic interiors for her clients: beyond everything we can plan, anticipate, and perfect in every detail, there is always life.
That family piece of furniture we carry with us, whose weight is mostly sentimental, those subtle signs of bad taste that we can find so precious, like a poster of a singer in a teenager’s room. Her Pimp My Gio seating thus takes the shape of a chair by the infinitely respected Italian architect and designer Gio Ponti (1891–1979), and challenges it with the image of a boys band singer – 2Be3. "To martyr the icons," she says. And it’s not just a gesture of humor but also a resistance to established tastes, which paralyze interiors and intimidate personal preferences. She uses the same approach with Delisle sconces, which she aligns and repaints to create a gradient of colors and evoke a sunset.
The south, again, always, obsessively, filled with desire. It’s also that piece of Marseille soapstone balustrade she made in partnership with the artisans of Fer à Cheval. In doing this, the designer asserts that all materials are possible. Especially if they already exist and are reused, like these chouchous that form the base of a stool, or this windshield turned into a mirror. Here, one senses a love for life, the life that shapes things and always reappears.
Maïlys Celeux-Lanval
----
Entrez, entrez donc. Bienvenue chez Marion Mailaender. Ou, plus exactement, bienvenue parmi ses meubles, qu’elle a fabriqué entre deux commandes pour un hôtel ou un appartement. Architecte d’intérieur basée à Marseille, l’ancienne élève de l’école Boulle a développé en parallèle de ses projets d’aménagement une pratique de designer, qui lui a ouvert les portes de la Villa Noailles l’été dernier – elle y montrait un décor d’appartement tout en objets expérimentaux. Ce sont eux que l’on retrouve ici, parmi un choix d’œuvres d’artistes de la galerie GP & N Vallois.
Vous le verrez vite : la designer aime à entrer en dialogue avec l’histoire de l’art – certains de ses grands noms sont même ses voisins. En témoigne la sonnette de son immeuble fantasmagorique, lequel indique qu’il y a, parmi ses voisins de paliers, Carl Andre, Andrée Putman, Agnès b... Mais aussi Valérie Lemercier, Francis Cabrel et Beyoncé. Sonnez, vous verrez qu’on vous répondra. Par des chansons, des extraits de films, des enregistrements sonores.
Cette sonnette donne le ton du rapport à l’espace domestique de Marion Mailaender – facétieux, rieur, ironique, bourré de références, savantes ou populaires. Regardez à l’entrée : un tapis imite une annonce immobilière, reprenant les tics de langage classiques des agents, et donnant à imaginer un appartement typiquement méridional. On se prend à rêver, et puis, déjà, la designer nous projette dans les travaux que l’on pourra y faire pour s’y sentir comme chez soi, avec ses lampes Architectures à emporter qui empruntent leurs matériaux à l’esthétique d’un chantier en cours. L’objet garde ainsi éternellement un aspect non-fini (infini), comme s’il restait quelque chose à faire, comme si la maison restait perpétuellement en mouvement.
La vie n’est pas absente de ces objets, loin de là.
Le paravent en témoigne, avec ses miroirs dans lesquels se reflètent les alentours et sa résine incrustée de fragments de vie, de bijoux, de photographies, d’une paire de lunettes de soleil. Marion l’a fait avec son mari, Thomas Mailaender. Elle le sait, à force de concevoir des intérieurs ultra-photogéniques pour ses clients : au-delà de tout ce que l’on pourra prévoir, anticiper et soigner dans les moindres détails, il y a toujours la vie.
Ce meuble de famille que l’on se trimballe, et dont le poids est avant tout sentimental, ces discrètes preuves de mauvais goût que l’on peut trouver si précieuse, l’affiche d’un chanteur dans la chambre d’un adolescent. Son assise Pimp my Gio reprend ainsi la forme d’une chaise de l’architecte et designer italien Gio Ponti (1891-1979), infiniment respecté, et vient le chicaner avec l’image d’un chanteur de boys band, les 2Be3. « Martyriser les icônes », dit-elle. Et ce n’est pas qu’un geste d’humour, mais aussi de résistance aux goûts trop établis, qui paralysent les intérieurs, intimident les goûts personnels. Elle a la même démarche avec des appliques Delisle, qu’elle aligne et redore pour créer un dégradé de couleurs et faire surgir un coucher de soleil.
Le sud, encore, toujours, obsessionnel, chargé de désir. C’est encore ce morceau de balustrade en savon de Marseille, qu’elle a fabriqué en partenariat avec les artisans du Fer à Cheval. En faisant cela, la designer affirme que tous les matériaux sont possibles. Surtout s’ils existent déjà, et sont réutilisés, comme ces chouchous qui font la base d’un tabouret, ou ce parebrise devenu miroir. S’y devine un amour de la vie, la vie qui façonne les choses, et surgit toujours.
Maïlys Celeux-Lanval